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Bulu à Sangha Ogol Da : La religion dogon est à l'image d'une société paysanne qui vit dans un environnement hostile. Des rites agraires visent à la maîtrise du climat et à la protection des cultures. Leur non-observance provoquerait sécheresses et autres calamités. Le hogon (chef spirituel suprême) est chargé de l'exécution de ces rites qui ponctuent le calendrier saisonnier. Le Bulu est la fête des semailles qui inaugure la nouvelle année agricole. Elle se tient juste avant que les pluies commencent (mois de juin). Les participants se recueilleront à cette occasion, dans l'intimité de leurs demeures, sur les autels des ancêtres. Ces derniers recevront offrandes et prières. C'est aussi à l'occasion du Bulu que les façades des sanctuaires du Binou sont redécorées de peintures symboliques faites de bouillie de mil. Prêtres et assistants jettent des épis de mil de la récolte précédente depuis les toits des sanctuaires et depuis le toit de la maison du hogon. Des mains se lèvent dans la foule pour s'en emparer. Les prêtres et les quatre femmes aux paniers qui se tiennent au pied de la maison du hogon reçoivent leur part d'épis. Ces femmes sont les épouses d'hommes d'importance. Le contenu de leurs paniers sera répandu sur le "champ du hogon". L'on notera que pour des raisons de croyances religieuses les paniers en question sont différents du panier traditionnel à fond carré et ouverture circulaire. Les festivités se poursuivent sur la place publique d'Ogol Da. Tambourinaires, prêtres, notables et les quatre femmes aux paniers défilent en file indienne. Puis suivent les hommes, les femmes et les enfants du village. Les hommes brandissent des tiges de mil de la vieille récolte. Tous défilent dans leur plus bel apparat, chantent et marchent en cercle tournant autour de l'autel du Lebé, structure conique en banco visible au centre de la place. Habillé de bleu, drapé d'une couverture mortuaire et portant son bonnet rouge, le hogon fait son entrée sur la place publique et s'installe en son centre non loin de l'autel du Lebé. Soudain, telles des lances, des tiges de mil fendent l'air et retombent dans la cour de la maison du hogon. Ces tiges serviront de combustibles pour la cuisson des repas du hogon. Maintenant les festivités se déplacent vers le champ du hogon qui sépare les villages d'Ogol Ley et d'Ogol Da. Le cercle se reforme et les participants dansent, chantent et font tournoyer une multitude de parapluies. Tout d'un coup voit-on les quatre femmes précédemment citées qui courent et qui renversent le contenu de leurs paniers sur l'autel Sogo (un gros tas de cailloux sacrés). Le champ du hogon est équipé d'un Sogo, c'est un autel qui appartient aux Yébèm. Ce sont des génies invisibles, les véritables détenteurs du sol. Les animaux de la brousse forment leurs troupeaux. Si l'on négligeait d'offrir du mil aux Yébèm, les futures récoltes seraient fortement compromises. Le rituel du Bulu touche à sa fin. C'est maintenant aux agriculteurs dogon de commencer à travailler leurs champs. A lire chez Persée le texte de Deborah Lifszyc et de Denise Paulme "Les fêtes des semailles en 1935 chez les Dogon de Sanga". Les photos présentées ici sont de Serou Dolo. Les scènes qu'on y voit correspondent en grandes lignes à la description qu'elles nous en donnent. |
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Sangha 2008 |
Sangui 2014 |
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Bulu at Sangha Ogol Da
: Dogon religion is the expression of a farming society that lives in a
hostile environment. Agrarian rites aim to control the climate and
protect the harvests. Their non-observance would cause droughts,
famines and other calamities. The hogon (the supreme spiritual leader)
is in charge of agrarian rituals that punctuate the seasonal calendar.
The Bulu is the sowing rite that launches the new agrarian year. It
occurs just before the rains begin (month of June). On this occasion,
the participants will gather in the privacy of their homes at the
ancestor altars and make offerings for the dead. It is also during
the
Bulu that the façades of the Binou shrines are redecorated with
symbolic paintings made with millet gruel. The priests and their
assistants throw millet heads of last year's harvest from the terraces
of the Binou shrines and from the roof of the hogon house. With raised
hands, the crowd is grabbing at the flying millet heads. The priests
and the four women with the baskets who stand at the foot of the hogon
house receive their share as well. The women are the wives of prominent
village leaders. The millet that lands in their baskets will later be
spread on the hogon's sacred field. The baskets used on this occasion
are, for reasons of belief, different from the traditonal dogon basket
with its square base and circular opening. The festivities continue on
the central village square of Ogol Da. Drummers, priests, village
notables and the women with the baskets move in a single line. All
other villagers, men, women and children follow. The men carry millet
stalks from the previous crop. They all parade in their best attire,
chant songs and walk in a big circle around the Lebé altar, a conical
mud structure. The hogon, clad in blue with red hat and mortuary
blanket, leaves his compound, enters the central square and sits down
in its centre at some distance from the Lebé altar. At some stage of
the ceremony the men's millet stalks fly like spears through the air
and land into the hogon's courtyard. These stalks will be stored and
used as fuel for the cooking of the hogon's meals. The festivities now
move to the sacred field of the hogon, it separates the villages of
Ogol Ley and Ogol Da. The big human circle reforms and people dance and
sing with swirling umbrellas. The four women previously mentioned
suddenly start running and throw the contents of their baskets onto the
Sogo altar (a heap of sacred stones). The sacred field of the hogon is
equipped with a Sogo, an altar that belongs to the Yébèm. These are
invisible spirits, the true owners of the land. The animals of the bush
form their herds. Neglecting a millet offering to the Yébém would
compromise future good harvests. The Bulu ritual is by now coming to an
end. It is time for the dogon to start working their land.
For those who read French, hereunder a link to a text by Deborah
Lifszyc and Denise Paulme : "Les fêtes des semailles en 1935 chez les
Dogon de Sanga". The photos presented here are made by Serou Dolo. The
scenes they depict are quite similar to the description given in their
study. |