Tellem : La
paroi de la falaise de Bandiagara est parsemée de grottes. Des
surplombs rocheux empêchent la pluie d'y pénétrer. Les prédécesseurs
des Dogon y érigèrent, à l'abri des éléments, des constructions en
terre servant de greniers, de sépultures et de lieux de culte. Dans les
années 1960 et 1970, des archéologues néerlandais y effectuèrent des
fouilles et mirent en évidence deux cultures distinctes, les Toloy et
les Tellem.
Le mot « Tellem » est un terme générique qui signifie «
nous avons trouvé » et qui englobe des populations variées dont
beaucoup arrivèrent dans la falaise de Bandiagara vers le 11e siècle.
Les fouilles ont mis en lumière les restes d’une ancienne culture. Des
ossements humains et une foule d'objets ont été répertoriés : tissus en
coton, vanneries, verroteries, perles en cornaline, labrets en pierre
et en quartz, poteries, couteaux gainés de cuir, arcs, flèches et
carquois, appuie-nuques, etc. Tout ce matériel archéologique appartient
à une culture ouverte aux échanges avec le monde extérieur. Les
textiles en sont un exemple remarquable : les costumes funéraires ont
été tissés selon des techniques raffinées. On n'a pu déterminer si ces
tissus ont été importés ou tissés sur place. A ce jour, on n’a pas
retrouvé de traces de métiers à tisser. Mais quoi qu’il en soit, le
port de tels vêtements ne peut être que l'apanage d'une société
disposant d’un mode de vie évolué.
Les villages tellem se trouvaient
probablement dans les éboulis de la falaise. Les aléas du climat en ont
effacé toute trace. Dès le début du 15e siècle, Tellem et Dogon ont
habité un même territoire pendant près de 200 ans, période durant
laquelle des métissages interethniques ont dû se produire. D’après la
tradition orale les Tellem se seraient finalement déplacés vers le
sud-est et seraient assimilés aux résidents de la plaine du Séno.
Aujourd’hui, parmi les habitants de la plaine, certains se rattachent à
une identité de souche pré-dogon de par leur nom et position sociale.
Certaines familles du sud-est du Séno portent le patronyme de « Ganamé
» et s’identifient aux Tellem.
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Tellem :
The face of the escarpment is strewn with open caves. Overhanging rocks
prevent the rain from entering. The predecessors of the Dogon sought
protection in these natural shelters. They built mud constructions
which were used as granaries and graveyards. In the 1960’s and 1970’s,
a team of Dutch archaeologists carried out excavations in the cliff
area and brought to the world's attention the existence of two distinct
cultures : the Toloy and the Tellem.
The word « Tellem » is a generic term that means « we have found them
». It embraces a diversity of peoples, many of whom reached the
Bandiagara escarpment by the 11th century. Excavations have brought to
light the remnants of an old culture. Skeletal remains and a great many
objects have been identified : cotton cloth, glass and carnelian beads,
stone and quartz lip plugs, basketry, earthenware, knives with leather
sheaths, bows, arrows and quivers, headrests, etc. All of this
archaeological material is part of a culture that was open to trade
with the outside world. To give just one example, funerary garments
have been woven according to highly refined techniques. It could not be
determined whether these textiles were imported or locally woven. Till
today no remnants of weaving equipment have ever been found. But
whatever the case is, the wearing of such fabrics is typical of a
society that has attained a fairly advanced standard of living.
Tellem villages were most probably built on the rocky slopes at the
base of the cliff. The heavy seasonal rains have erased all traces. The
Dogon reached the area by the 15th century and thus shared with the
Tellem the same territory for some two hundred years, a period during
which interethnic relationships must have occurred. According to oral
tradition, the Tellem moved southeastward and set off across the Seno
and merged into a wider network of local communities.
Today, among the inhabitants of the Seno plain, some adhere to an
ancient pre-dogon identity by means of their surname and social status.
There are families living in the southeastern Seno who wear the name «
Ganame » and who claim to be Tellem.
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