Le hogon d'Arou et le culte
du Lebe
: Le culte du Lebe s'adresse à Lébé Serou, premier ancêtre dogon qui,
enterré au pays du Mandé, ressuscita sous forme de serpent. La
tradition dit qu'il guida son peuple vers son habitat actuel. On
apporta depuis le Mandé de la terre prise dans sa tombe. En arrivant à
Kani Na (falaise sud-ouest), les quatre tribus dogon (Dyon, Arou, Ono,
Domno) se partagèrent cette terre ancestrale et se dispersèrent sur le
plateau, le long de la falaise et dans la plaine du Séno. Ils fondèrent
des villages et édifièrent des autels faits d’un amalgame de l’ancienne
terre mélangée à celle du nouveau pays. Ce furent les débuts du culte
rendu au Lebe. Aujourd’hui, ce culte permet à nombre de Dogon de se
reconnaître dans une origine et une histoire communes. Le hogon est
l’autorité suprême du culte du Lebe. Il est le chef spirituel qui
incarne la terre nourricière et qui a la maîtrise de la pluie. Il est
chargé de l'exécution de rites agraires qui ponctuent le calendrier
saisonnier. Sa mission est d’assurer la fertilité des sols, la
protection des cultures et de favoriser la perpétuation de son peuple.
La notion du Lebe « ressuscité » est étroitement liée aux cycles
agricoles : après les récoltes, vient le temps des semailles (Dogon
Masks. Barbara Demott). A chaque fois la vie reprend le dessus.
Le hogon d'Arou doit être élu à son poste par des notables de la tribu
Arou. Ce n'est pas un poste auquel le futur élu aspire. La décision est
prise à son insu. Il est mis devant le fait accompli. Sa prise de
fonction est précédée de toute une série de rituels. Par exemple, le
nouvel élu doit disparaître en tant que simple mortel. On va donc
organiser et célébrer des funérailles symboliques. Le futur hogon ne
peut pas y assister. Il doit se retirer pendant une dizaine de jours
dans une grotte non loin d'Arou. L'endroit s'appelle Komo Sese. Après
cette période d'isolement, il retournera à Arou. C'est alors que sa
nomination en tant que hogon deviendra effective. Komo Sese est une
grande grotte ouverte qui abrite des constructions tellem et dogon :
habitations, greniers, autels et sanctuaires. A son arrivée dans la
région, la tribu des Arou s’y installa. Non loin de là, on érigea la
demeure de celui qui deviendra le premier hogon d'Arou. On porta le
futur dignitaire de la grotte à sa nouvelle demeure. Il en va de même
aujourd'hui. Après un séjour rituel à Komo Sese, le nouveau hogon est
amené à dos d'homme jusqu'à son nouveau et dernier lieu de résidence.
En 1992, la cinéaste-ethnologue Nadine Wanono a réalisé un documentaire
sur l’intronisation d’Ogodagalou, le dernier hogon d’Arou (A l’ombre du
soleil, Funérailles et intronisation du Hogon d’Arou).
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The hogon of Arou and the Lebe cult:
The Lebe cult addresses Lebe Serou, the first ancestor of the Dogon who
was buried in the Mande and who came to life again in the form of a
serpent. Tradition has it that he guided his people to their new
homeland. Earth from his grave in the Mande was taken on the journey
eastwards. On arrival at Kani Na (southwest cliff), the four Dogon
tribes (Dyon, Arou, Ono, Domno) shared the ancestral soil between them
and spread over the plateau, the escarpment and the Seno plain. They
founded villages and erected altars made of the inherited earth mixed
with the one of the new land. These were the beginnings of the Lebe
cult. Today, this cult enables many Dogon to recognize themselves in a
common origin and history. The hogon is the higher authority of the
Lebe cult. He is the spiritual leader who masters the art of rain
control and who embodies the earth as a provider of life. He is in
charge of agrarian rituals that punctuate the seasonal calendar. His
mission is to ensure soil fertility, crops protection and to favour the
perpetuation of his people. The notion of the « resurrected » Lebe is
closely linked to the agricultural cycle : after the harvesting, the
sowing (Dogon Masks. Barbara Demott). Each time life takes over.
The hogon of Arou is elected to his post by leading members of the Arou
tribe. The post is not coveted by anyone. One does not choose to be a
candidate and, if elected, one has no right to refuse the nomination.
The new hogon will be informed of the decision. Various rituals will be
held before he can carry out his duties. For example, the newly elected
must cease to exist as an ordinary human being. Symbolic funerals will
be held and celebrated. He cannot attend and is to retire for some ten
days in a big cave not far from Arou. The place is called Komo Sese.
After this period of isolation, he is to return to Arou. At this point,
his appointment as hogon becomes effective. Komo Sese is a very large
open cave. It shelters Tellem and Dogon constructions : houses,
granaries, altars and shrines. On their arrival in the region, the Arou
tribe chose to settle in this location. Not far from there, they
erected the residence of the first
hogon of Arou. The new dignitary was carried from the cave to his new
house. Today, after a ritual stay at Komo Sese as part of his
enthronement, the new hogon is to be carried on somebody's shoulders to
his new residence. In 1992, French filmmaker and ethnologist Nadine
Wanono made a documentary on the enthronement of Ogodagalou, the last
hogon of Arou (A l’ombre du soleil, Funérailles et intronisation du
Hogon d’Arou).
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