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Masque Sangara Paypay : Plusieurs villages du plateau nord-est sont les derniers témoins d’une tradition de masques qui se perd au fils du temps. Les masques de Kono, Wakara et Soroli, ou ce qui en subsiste, ne ressemblent en rien à ceux qui ont fait la notoriété des Dogon. Quelques pièces ont été publiées dans des ouvrages consacrés à l’art africain. Mais il semble bien qu’aucune étude n’ait été menée sur place. La documentation photographique fait aussi défaut. Le masque ci-contre a été taillé par Bassa Moro, guérisseur et sculpteur à Kono. Le nom en est Sangara paypay, ce qui signifie « Sangara frappe » le sol. Rappelons que dans la partie centrale de la falaise, à Koundou et à Tiogou, le masque Kanaga se dit Sangara. Les danseurs exécutent avec la tête un mouvement circulaire et frappent le sol avec le haut de leurs masques. Ces quelques correspondances entre les masques du nord et du sud semblent s’arrêter là. Les traditions masquées de la région de Wakara ne sont pas liées à celles des zones étudiées par l’équipe de Marcel Griaule. On n’y célèbre non plus le rituel soixantenaire du Sigui. Mais l’on peut se demander si les noms des masques du nord-est ont été empruntés aux parlers dogon du sud-ouest : Sangara, mais aussi masque Na (vache). Faut-il en déduire que la région de Wakara, à un moment de son histoire, a repris l’usage des masques à ses illustres voisins ? Bassa Moro se rappelle avoir vu dans sa jeunesse des danses masquées. Les masques sortaient lors des funérailles du doyen du village. Aujourd’hui, Bassa en taille encore pour ceux qui lui passent commande. Quelle qu’en soit la raison, rituelle ou non, certains gardent un masque à la maison. Mais à quoi faut-il attribuer l’abandon des danses masquées ? Est-ce que l’avancée de l’islam est seule en cause ? De belles mosquées trônent certes sur les places des villages. Mais l’animisme est loin d’avoir disparu et la région est connue pour ses guérisseurs qui puisent leur savoir dans un lointain passé. Ou faut-il chercher ailleurs la raison de ce délaissement progressif des masques ? Au sud-ouest du pays dogon, les danses masquées sont régies par la « Société des Masques », autorité suprême qui regroupe tous les hommes, jeunes et vieux. Faute d’une association équivalente, la tradition des masques du plateau nord-est est vouée à une disparition certaine. |
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Mask Sangara Paypay :Several
villages of the northeast plateau are the last witnesses of a mask
tradition that is slowly fading away with time. Kono, Wakara and Soroli
have (or had) masks that are very different from those that made the
Dogon so popular. A number of pieces have been published in books on
African art. But no research has ever been conducted in situ and
photographic documentation seems to be non-existent. The mask presented
here was carved by Bassa Moro, healer and wood sculptor in Kono. Its
name is Sangara paypay, which means « Sangara hits » the ground. Let us
remember that in the central part of the escarpment, in Koundou and in
Tiogou, the Kanaga mask is called Sangara. The dancers turn their heads
in a circular movement and they touch the ground with the upper part of
their masks. No other equivalences between masks of the south and north
are readily apparent. Mask traditions in the Wakara region seem to have
no links with those held in the areas studied by Marcel Griaule. Also,
the Sigui, the ritual that takes place once every sixty years, is not
celebrated in the area. But one wonders if local mask names were
borrowed from the Dogon in the southwest : Sangara, but also mask Na
(cow). Are we then to deduce that the Wakara region took over the use
of masks from its illustrious neighbours ? Bassa Moro remembers having
seen masked dances in his youth. Masks were used at the funeral of the
village eldest. Today, Bassa still carves masks to order for those who,
for reasons of their own (whether ritual or not), wish to keep one at
home. It is not clear what has led to the abandonment of masked dances.
The growing importance of Islam cannot be the only reason. Beautiful
mosques are part of the village landscape but animism is still very
much in place. Also, the region is well known for its healers who draw
their knowledge from a distant past. So what other reasons may there be
for the gradual disappearance of mask traditions ? In the southwest of
Dogon country, masked dance performances are governed by the « Society
of the Masks », a supreme authority that gathers all men, young and
old. The northeast plateau does not seem to have an association of
similar magnitude. In its absence, local mask traditions are bound to
disappear. |