Plateau Tabitongo : Dans une société patrilinéaire, la séparation entre mondes masculin et féminin est bien réelle. Aussi les funérailles des femmes n’ont-elles pas connu un écho aussi retentissant que les danses masquées réservées aux hommes. Or, c’est une des rares occasions de voir des statues dans leur contexte d’origine. La photo nous montre une procession de femmes qui s’étire dans le village de Tabitongo. Les statues sont portées sur la tête et sont bien visibles au-dessus de la foule : un couple avec enfant (Yaon Dege), la coupe du hogon (Ogo Bandia) et des calebasses décorées de cauris et de miroirs. Les hommes ne sont pas sensés savoir ce que ces calebasses contiennent. La statue et la coupe révèlent qu’il s’agit des funérailles d’une femme d’importance. Trois femmes tiennent chacune à la main une louche rituelle. Elles sont Ya Sigine et incarnent la femme-ancêtre qui a découvert les masques aux temps mythiques. Leur présence indique que la défunte était Ya Sigine. Ce statut permet d’ailleurs à une femme d’avoir des masques à ses funérailles. Tout comme les masques, les statues funéraires pour les femmes sont faites pour être vues en public. Ce ne sont pas des objets de culte qui restent cachés à l’abri des regards dans des sanctuaires. Le Yaon Dege appartient aux femmes du village. Hors des cérémonies publiques, c’est la doyenne du village qui en a la garde. Ce n’est pas un objet qui requiert des libations de bouillie de mil ou des sacrifices sanglants. On traite le bois avec de l’huile de Sa (lannea microcarpa). Quant à la coupe du hogon, elle est visible en public en trois occasions : pour l’intronisation du hogon et pour les funérailles d’un guérisseur ou d’une femme.










Plateau Tabitongo : In a patrilineal society, there is a profound separation between male and female worlds, so funerals for women have never enjoyed the resounding popularity of the masked dances that are performed for men. And yet, this is one of the rare occasions when statues can be seen in their original context. The photo shows a procession of women that stretches out throughout the village of Tabitongo. Statues are carried on the heads of the participants and are clearly visible above the crowd : a couple with a child (Yaon Dege), the ritual vessel of the hogon (Ogo Bandia) and calabashes adorned with cowries and little round mirrors. Men are not supposed to know what is inside these calabashes. The statue and the vessel will only be shown at the funeral of an important woman. Three women are each holding a ritual ladle. They are Ya Sigine and embody the female ancestor who discovered the masks in mythical times. Their presence reveals that the deceased person also was Ya Sigine. Moreover, this status permits a woman to have masks dance at her funeral. Just as the case is with the masks, the funerary statues for women are made to be seen in public. They are not cult objects that remain hidden from view within the safety of a shrine. The Yaon Dege belongs to the women of the village. The oldest among them watches over it at home when it is not of service. It is not an object that requires millet gruel libations and blood offerings. The wood is treated with Sa oil (lannea microcarpa). As to the ritual vessel of the hogon, it can be seen in public on three occasions : for the enthronement of a hogon and for the funeral of a healer or a woman.