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Falaise de Bandiagara - Nombori : En zone Toro, c’est le doyen du village qui assume la responsabilité du hogon (Arou excepté). Il doit sa légitimité à son âge. Ce principe s’applique aux villages dont la population est unie par des liens de parenté plus ou moins étroits. Il en va autrement au sud du pays dogon. Aux temps précoloniaux, les villages y étaient organisés en chefferies à la tête desquelles se trouvaient des hogons dont l’autorité s’étendait sur des communautés plus larges. Le pouvoir politique y appartenait aux tribus Dyon et Arou et la maîtrise rituelle des terres y revenait aux premiers occupants. Aujourd’hui, ce principe reste inchangé. La désignation du hogon résulte d’un compromis entre les anciens envahisseurs et leurs hôtes. Les travaux d’Eric Jolly nous permettent de mieux comprendre les principes d’une telle nomination. Le hogon est le garant d’une alliance passée entre les propriétaires du sol et les immigrants de souche plus récente. Ils se partagent un même territoire et sont condamnés à s’entendre. C’est à la descendance des premiers occupants de choisir un hogon parmi les détenteurs du pouvoir politique. Par contre, les assistants rituels du hogon appartiennent à cette population dont l’installation sur le territoire est antérieure aux invasions Dyon et Arou. Eric Jolly décrit dans son ouvrage « Le pouvoir en miettes » l’intronisation d’Amadimè à Nombori en 1989. Les récits déclamés à cette occasion retracent les circonstances d’arrivée des nouveaux migrants et décrivent les alliances passées entre envahisseurs et envahis. His toires locales, mythes et légendes s’y confondent. Ces narrations forment un discours politique qui s’adresse aux gouvernés et au nouveau hogon. Amadimè est mort en 1995. Aujourd’hui, les hogons du sud du pays dogon peinent à trouver des successeurs. Dès leur installation en pays dogon (fin du 19e siècle), les militaires français reconnaîtront rapidement l’étendue du pouvoir dont disposent les hogons. En tant que dirigeants d’importantes chefferies villageoises, les hogons des régions du sud paieront un lourd tribut. Les récalcitrants au nouvel ordre colonial seront éliminés. Après l’indépendance, les hogons ne retrouveront plus jamais la dimension politique de leur ancien statut. Par contre, leur rôle en tant que chefs religieux restera important. Ils ont la maîtrise du climat et de la pluie. Aujourd’hui encore, ce pouvoir est ressenti avec force par les habitants du plateau et de la falaise. La population musulmane locale n’y est pas non plus insensible. |
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Bandiagara escarpment - Nombori :
In the Toro zone, it is the village eldest who assumes office as hogon
(except in Arou). Age legitimizes his status as religious leader. This
principle is valid for villages where the inhabitants are related by
close or distant kinship ties. The situation in the south of Dogon
country is somewhat different. In precolonial times, villages formed
chiefdoms that were led by hogons whose authority extended over a wider
group of people. Political authority belonged to the Dyon and Arou
tribes and ritual control of the land remained in the hands of its
first occupants. Today, this principle remains the same. The
designation of a hogon results from a compromise between ancient
invaders and their hosts. Eric Jolly’s field research helps us to
better understand the underlying principles for the appointment. The
hogon is the guarantor of an alliance made between the owners of the
land and tribes of more recent stock. They are to share a same
territory and have no choice but to get along well with one another. It
is up to the descendants of the first settlers to choose a hogon among
the governing tribes. His ritual assistants, on the other hand, belong
to the old stock who occupied the land before being invaded by the Dyon
and Arou tribes. Eric Jolly’s study « Le pouvoir en miettes » is the
account of the enthronement of Amadimè. It was held in Nombori in 1989.
The stories declaimed on this occasion tell about the circumstances of
arrival of the new immigrants and about the alliances made between the
invaders and the invaded. Local histories, myths and legends merge
together. These tales form a political statement that addresses the
governed and their new religious leader. Amadimè died in 1995. Today,
the south of Dogon country faces difficulties in finding valid
successors. On their first arrival in the region (end 19th century),
the French military were quick to recognize the true extent of the
power held by the hogons. As the heads of important village chiefdoms,
the hogons in the south of the country had to pay a heavy price. Those
who refused to submit to the new colonial order were eliminated. Later,
after Malian national independence, the hogons did not regain their
past political status. But their role as religious leaders has remained
important to this day. They master the art of climate and rain control.
This power is still felt strongly by many inhabitants of the plateau
and cliff area. Even local Muslims are not indifferent to it.
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