Les funérailles du Hogon de Sangha (décédé en novembre 1984) :



     Ses funérailles se sont tenues en 1985 environ six mois après son décès. Dans la nuit qui précède le 1er jour des cérémonies funéraires un poussin noir est sacrifié et suspendu à un fil tendu par-dessus la place publique d'Ogol-Da. C'est un rite de purification qui précède et protège les manifestations à venir contre la sorcellerie. Le nom du rite est Kezu.

     Au 2ème jour des funérailles a lieu le rituel du Baga Bundo : huit masques Kanaga et plusieurs masques en fibre s'approchent et s'agenouillent autour de la couverture mortuaire (la couverture qui a servi au transport du défunt vers la cimetière six mois plus tôt). Il s'agit d'en chasser les mauvais esprits et de saluer le défunt une dernière fois. Les danseurs frappent le sol avec des tiges de mil.



   
sangha : ogol da - poussin suspendu
 
sangha : ogol da - baga bundo
 
sangha : ogol da - baga bundo


     D'ordinaire, le rôle des femmes pendant les cérémonies funéraires n'est certes pas négligeable, mais il y a un domaine où elles sont complètement exclues : Il s'agit de tout ce qui a trait aux masques. Quand les masques dansent, les femmes ne sont, à l'exception de la prêtresse Ya Sigine, que de simples spectatrices et restent à une distance respectable. Les masques ont trait à la mort et mettraient en danger la fécondité des femmes. Cependant, à Sangha, ces règles varient lors des funérailles d'un Hogon. Sangha est partagé en deux villages : Ogol-Ley et Ogol-Da. Entre ces deux villages se situe le champ du Hogon. La plupart des manifestations publiques s'y déroulent. Des combats fictifs masculins alternent avec des danses de femmes qui imitent la danse des masques. Elles ne portent pas de masques en bois mais leurs coiffures, décorées de perles et de miroirs, sont des représentations de masques. Ces danses commémorent l'origine des masques. Dans les temps mythiques, c'est une femme (Yayeme) qui a découvert les masques avant que les hommes s'en emparent.



   
sangha : champ du hogon




 
sangha : champ du hogon




 
ana dagi dolo - le prêtre du binou




         
   
sangha : femmes imitant les masques




 
sangha : femmes imitant les masques




 
sangha : femmes imitant les masques




     D'habitude Dama et funérailles se tiennent séparément. Ce n'est pas le cas pour le Dama du Hogon de Sangha. Il commence dix jours après les débuts des funérailles et dure trois jours. Une dizaine de masques y danseront. Mais avant que le Dama puisse se tenir, le Wala (l'autel des masques) doit être purifié. En fait, c'est en imitant les danses masquées pendant les funérailles que les femmes ont transgressé un interdit. Des mesures correctives sont nécessaires. C'est là où intervient le Puro, un rituel qui permet aux hommes d'asseoir leur pouvoir sur les femmes. Normalement il se tient indépendamment des cérémonies funéraires. Parfois les hommes estiment que les femmes de leur village ont commis une offense et que celle-ci doit être réparée moyennant le paiement d'une amende. Dans le cas des funérailles du Hogon et suite aux danses imitant les masques, les femmes doivent payer une amende au Wala Banga (chef de l'autel des masques). C'est le prix du sacrifice nécessaire à la purification du Wala sans quoi le Dama ne peut se faire.

     En 1985 Ana Dagi Dolo officia en tant que prêtre du Binou (photo ci-dessus). Il est devenu le nouveau Hogon de Sangha. Ses funérailles ont eu lieu en Juillet 2004.

 

voir :

  • D.Paulme " Organisation sociale des Dogon - pages 537-545 "
  • Nadine Wanono "Les Dogon - pages 147-168"
  • B.Demott "Dogon Masks - pages 48/61"

 

     En ce qui concerne B.Demott, son texte est en contradiction avec ce qui précède : elle mentionne la danse des femmes mais affirme que la société des masques n'intervient pas dans le Dama du Hogon. Ceci est inexact.