Les masques :

 

     Pour les Dogon, le village représente l'ordre et la sécurité. Par contre, l'ambivalence de la brousse est notoire. Elle est dangereuse et bienfaitrice. C'est le monde de l'invisible. Toutes sortes d'esprits néfastes y rôdent. Aussi, les animaux sauvages ont des facultés de clairvoyance. Quand un Dogon voyage et dort en brousse, son animal-totem (son Ba-Binu) le protège (voir page 21). Mais la brousse est aussi une source de vie où nourriture et plantes médicinales abondent.

     C'est à l'occasion d'un Dama que de nouveaux masques sont taillés. Les fibres des jupes se préparent en brousse. Par contre les masques peuvent être taillés au village à l'abri des regards. Pour qu'ils atteignent leur pleine puissance magique, il faut les soumettre à différents rituels. A Sangha, le Wala Banga fait un sacrifice sur l'autel des masques (Wala) pour tous les masques. Les propriétaires n'y assistent pas. Par contre, chaque individu fera des sacrifices sur son autel personnel afin de se protéger, entre autre, contre les malfaiteurs.

     Aujourd'hui la taille de masques hors de son contexte rituel est devenue fréquente. La vente de tels objets aux touristes ne pose pas le moindre problème. Par contre, la vente d'un masque actif, au sens rituel, ne peut se faire sans prise de précautions individuelle.

 


     Les mythes Dogon tels que décrits par Marcel Griaule permettent de se faire une idée de la signification de certains masques :

     Masque Satimbé : Ce masque représente la femme qui a capturé le vieux Albarga et qui a volé les masques aux Andoumboulou (êtres surnaturels). Un jour, elle les surprit en brousse alors qu'ils dansaient. Ils s'enfuirent et abandonnèrent leurs masques et costumes en fibres rouges. Elle s'en déguisa et rentra chez elle. Les hommes de son village lui retirèrent ses trouvailles et cachèrent le tout (Albarga inclus) dans un abri. Il s'agit de la grotte sacrée d'Albarga à Yougo Dogorou.



   
sangha : masques satimbé
 
sangha : masques satimbé
 
sangha : masques satimbé


     Selon certaines traditions le nom de la femme est Yayeme et elle serait originaire du village de Yendouma. Suite à sa découverte des masques, elle fut nommée Ya Sigine (la soeur des masques). Aujourd'hui la prêtresse Ya Sigine est la seule femme qui participe aux cérémonies des masques. C'est aussi la seule femme qui a droit à des danses masquées à ses propres funérailles. Les femmes sont totalement exclues de tout ce qui a trait aux masques. Pendant les danses masquées, elles se tiennent à une distance respectable.