Le Grand Masque :

 

     Ce masque est réalisé une fois tous les 60 ans à l'occasion du Sigui. Il s'agit d'un rituel qui dure sept ans. Il commence à Yougo Dogorou et se déplace le long de la falaise vers le sud-ouest. Il y a longtemps le Sigui pris fin sur le plateau à Songo. Ce n'était déjà plus le cas en 1972 quand Jean Rouch, pour le besoin de son récit, a voulu terminer son documentaire dans le village islamisé de Songo.

     Le Grand Masque est taillé dans toute la longueur d'un arbre. Il fait plusieurs mètres de haut et n'est jamais porté. C'est une sorte de planche avec un masque taillé à une extrémité.

     Auparavant, selon les mythes Dogon, la mort n'existait pas. Les hommes se métamorphosaient en serpent. Pourtant, suite à la transgression d'un interdit, les Dogon furent exposés à la mort. Le Grand Masque représente le premier ancêtre mort sous forme de serpent. Le masque ressemble au corps du serpent et est sensé contenir l'âme de l'ancêtre-serpent. Il en est le support.

     Tous les soixante ans un nouveau Grand Masque est taillé en remplacement du masque précédent. A cette occasion, les dignitaires de la Société des Masques instruisent quelques jeunes aux secrets du culte. Ils assistent à la taille du "Grand Masque" et apprennent le Sigi So, la langue secrète du Sigui. Bientôt ils prendront la relève en tant que Olubaru.

     Beaucoup de villages du pays Dogon-Mandé ont une grotte où leurs "Grands Masques" (anciens et dernier en date) sont entreposés. En 1930 Marcel Griaule avait recensé neuf Grands Masques dans le village d'Ibi. Cela signifie que dans ce village le début du culte du Sigui date du 14ème siècle (9 masques x 60 ans = 540 ans).



   
grands masques
 
grands masques
 
grands masques

 

     Le Grand Masque sort de sa grotte que lors des funérailles d'un dignitaire de masques (p.ex. Olubaru). On fait un trou dans le toit en terrasse de sa maison et on y place le masque. En vue de sa taille, la partie du haut dépasse le toit et est visible à distance. Le masque ainsi exposé est celui qui a été taillé en la présence du défunt quand celui-ci était un futur initié Olubaru au dernier Sigui.



   
sangha : bongo - grand masque
 
sangha : bongo - grand masque
 
grands masques

 

     La littérature ethnographique se réfère au masque Imina-Na. Hors Imina-Na est la voix du Grand Masque. Il s'agit de la rhombe qui accompagne le "Grand Masque". La rhombe est une corde dont une extrémité est pourvue de deux planches en bois ou pièces en métal. En faisant tournoyer la corde, on obtient un son qui représente la voix du Grand Masque. Dépendant de la région, le nom exact est Wara ou Dannu. A l'origine le Dannu et le Buguduru forment le support contre lequel le Wara s'appuie. Avec le temps un certain nombre de villages ont abandonné la taille du Wara. C'est alors le Dannu qui le remplace.

 

 

voir :

  • Polly Richards " Imina Sana : (masques à la mode)" - A study of Dogon Masquerade at the Turn of the Millenium 1994-2000 - pages 132/207
  • Marcel Griaule "Masques Dogons"
 
       
imina-na : la voix du grand masque