Le Bondum : Cette région est habitée par les descendants des Tombo, un ancien peuple guerrier. Un manuscrit de Tombouctou du XVIème siècle mentionne les "Tombola, nom d'une des nombreuses tribus professant le culte des mages" (Hélène Leloup - Statuaire Dogon - page 32). Leur installation sur le plateau est antérieure à celle des Dogon-Mandé, Peuls, Djennenke et migrants de descendance Bambara. Ce n'est qu'à partir du XV-XVIème siècle que ces nouveaux-venus vont gagner en influence.

     Le village de Borko se trouve au fond d'une vallée. Pour y accéder il faut traverser d'immenses jardins maraîchers. Ces jardins sont alimentés par des sources d'eau naturelles. Les caimans de la région y ont élu domicile. Les villageois les considèrent sacrés. C'est leur totem (ba-binu - voir page 21). Ils racontent qu'un jour un étranger Bozo avait tué un caiman. Il a eu la vie sauve à cause de l'alliance à plaisanterie (Mangu) qui lient Dogon et Bozo. Ceci illustre que les habitants de Borko (des Kassambara de descendance Bambara) et les Dogon de la falaise de Bandiagara partagent une même culture. L'observance du Mangu et l'appartenance à un clan totémique (le caïman) en sont une manifestation évidente. Pour ce qui est du Mangu, voici la définition de Denise Paulme dans "Organisation Sociale des Dogon - page 277" : c'est un "pacte conclu entre deux régions, deux villages, deux familles, deux castes. Il s'agit d'un service rendu par une collectivité à une autre collectivité, qu'elle aura sauvé d'un danger grave, ou dont elle aura épargné un des membres, coupable à son égard d'une lourde faute."

     L'architecture du village se rapproche de celle de la plaine avoisinante qui s'étend vers le fleuve Niger. Les villageois se rappellent du temps où, sous le règne d'Askia Mohamed (Empire Songhay - 15ème), un représentant Songhay séjourna dans le village. Aujourd'hui, bien qu'inoccupée, la petite maison qui lui fut attribuée existe encore. On dit qu'il laissa quelques affaires personnelles au village.

 

 

   
borko (bondoum)
 
borko (bondoum)
 
borko (bondoum)

 

     Le village de Tintam est difficile d'accès. Son isolement sur les abords du plateau peut expliquer pourquoi ses habitants sont restés animistes. Pourtant, au fil des siècles l'architecture du village et son art statuaire ont été fortement influencés par la culture Djennenke, Songhay et Dogon. Tintam a connu une intense activité métallurgique : le fer servait probablement à la fabrication d'outils agraires et armes. Les débouchés commerciaux sur le plateau et dans la plaine avoisinante ne manquaient pas. Aujourd'hui, à la périphérie du village, des monts de scories témoignent de cette ancienne industrie.

 

 

   
tintam (bondoum)
 
tintam (bondoum)
 
tintam - monts de scories

 

     Comme la plupart des villages du plateau, Samari a cherché refuge sur un mont rocheux. Les façades des maisons ont des portes d'entrée construites dans des niches. C'est un trait charactéristique de la région. Dans "L'architecture Dogon", W.Lauber y voit des similitudes avec le portail traditionnel mauritanien. Les ruelles sont étroites et les murs des maisons à la périphérie du village ressemblent à des remparts. Le plateau nord et central a beaucoup souffert de l'ennemi Peul. Leur installation à Dè (village du plateau) date du XVème siècle. Ils représentaient une menace permanente pour toute la région.



   
samari (bondoum)
  samari (bondoum)
 
samari (bondoum)


 

     A Saoura koum, village du plateau central, traditions ancêstrales et islam se côtoient en harmonie. Les jeunes du village font leur éducation religieuse à l'école coranique. Mais les rituels saisonniers ne sont pas négligés pour autant. La fête du Odompilou, a lieu en saison sèche. Les danses commencent en fin de journée et finissent tard dans la nuit. Les tambours sont de taille impressionnante. Certains danseurs sont déguisés en femmes et portent des foulards et des colliers d'ambre. Il faut y voir un des thèmes les plus courants des rituels Dogon, c'est-à-dire, fertilité et renouvellement de la terre et du peuple Dogon.



   
saoura koum - odompilou
 
saoura koum - odompilou
 
saoura koum - odompilou


 

    Non loin de l'actuel Saoura koum se trouve l'emplacement du vieux village. Il ne reste plus que des pierres dont l'alignement indique d'anciens contours. Quelques restes de remparts troués de meurtrières sont encore visibles. Les habitants du nouveau village expliquent que dans les anciens temps ces murs servaient à la défense du village contre les razzias des cavaliers Peuls.



   
village abandonné - plateau central
 
village abandonné - plateau central
 
village abandonné - plateau central

 

 

     La falaise de Bandiagara : Les études ethnographiques entreprises par Marcel Griaule à partir de 1931 concernent les actuels occupants de la falaise de Bandiagara et des rebords du plateau-est.

Les Dyon et les Arou habitent les environs de Sangha. Peu importe leur origine tribale. Tous portent le patronyme Dolo. Les noms de famille évoquent souvent les circonstances d'installation des premiers migrants. Le nom "Dolo" se réfère aux points d'eau découverts par un chien dans les environs de l'actuel Sangha. Les Dyon s'y installèrent en premier. Dans "Les Devises des Dogon", S. de Ganay explique la signification des noms Dogon (Tige). Chaque tribu, région, village et quartier a un nom qui se rapporte à des événements mythico-historiques. Ces noms renseignent sur les itinéraires parcourus et décrivent les circonstances d'arrivée des migrants dans leur nouvel habitat. De la même façon, le prénom de chaque individu renseigne sur les circonstances de sa naissance.

La région de Sangha regroupe 13 villages. Certains tels que Diamini-Na et Sangui se trouvent en retrait sur le plateau et d'autres tels que Bongo et Gogoli s'étendent jusque sur les bords de la falaise. Le village de Sangha se divise en deux parties séparées par le "champ du Hogon" : Ogol-Da et Ogol-Ley.

 


   
gogoli
 
bongo
 
ogol da

 

     Ces villages se caractérisent par des concessions qui s'imbriquent les unes dans les autres, le tout formant un ensemble très compact. Chaque concession se compose de plusieurs bâtiments qui donnent sur une cour intérieure. Depuis la rue une vestibule qui sert de porte d'entrée y donne accès. Les vieilles personnes qui ne sortent plus de chez eux aiment y passer la journée. C'est un bon endroit pour faire la causette avec les gens qui passent. Les toits en terrasse sont entourés d'une sorte de parapet. On y fait maints travaux domestiques. Les maisons, les toits et les murs extérieurs sont crépis de manière uniforme. Le tout ressemble à une composition abstraite faite de figures aux angles et contours arrondis.

 


   
ogol ley
 
ogol ley
 
ogol da