Pays Dogon :
C'est à partir du 14ème siècle que les
actuels occupants de la falaise de Bandiagara et des rebords du plateau-est
auraient atteint leur habitat présent.
Les Dogon se divisent en quatre tribus
: les Dyon, Arou, Ono et Domno. Selon la tradition orale, ils rejoignèrent
la falaise à la hauteur de Kani Bonzon. De là, ils se dispersèrent sur
le plateau, le long de la falaise et dans la plaine du Séno-Gondo. Chaque
tribu suivit un itinéraire distinct (description détaillée de la dispersion
des tribus dans " Les âmes des Dogons " - G. Dieterlen 1941). La réalité
historique semble beaucoup plus complexe. Les migrants Dogon sont venus
du Mandé par vagues successives étalées dans le temps. Au sud de la
plaine du Séno-Gondo se trouve le Yatenga. Ce vaste territoire est parsemé
de vestiges datant d'une période allant du 10e au 15e siècle : anciens
puits, jarres funéraires, débris de poteries et scories provenant d'une
ancienne activité métallurgique. Les Mossi et Kurumba les attribuent
aux Dogon (Kibse en Moore/langue Mossi). A quoi correspondent ces Kibse
? S'agit-il d'une première vague de migrants du Mandé qui se sont installés
au Yatenga ? Ou alors, faut-il y voir une ancienne population autochtone
qui s'est assimilée aux nouveaux arrivants Dogon ? Toujours est-il que
vers le 14e/15e siècle ils ont rejoint la falaise de Bandiagara tout
en laissant leur ancien lieu d'habitat aux mains des Mossi et Kurumba.
La rencontre des Dogon-Mandé avec leurs
voisins et prédécesseurs est à l'origine d'un brassage culturel considérable.
L'architecture et la diversité stylistique de la sculpture Dogon en
sont une illustration. Bien avant leur arrivée du Mandé, l'ouest du
plateau voit naître la sculpture de type Djennenke/Soninke. A partir
du 15e siècle des prolongements de ce style apparaissent dans le N'duleri
et le Bondum au nord-est du plateau. De l'autre côté du plateau, la
falaise de Bandiagara est à l'origine des "bras levés" Tellem. Ces différents
styles ont été repris et incorporés dans l'art Dogon. Par contre, les
masques sont d'influence voltaïque. Certains masques Dogon et Mossi
partagent des ressemblances stylistiques. Leur long séjour au Yatenga
explique aussi pourquoi les Dogon parlent des langues d'origine voltaïque.
Quant à l'architecture, elle est le reflet
de la variété des zones géographiques, des contraintes que celles-ci
imposent et de la diversité des populations qui y vivent. Ci-dessous
quelques exemples :
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Le plateau
village de Niongono (Pignari)
villages de Kargue, DaniSare, Bounou, Dara (Lowel-Geou)
villages de Borko, Tintam, Samari, Saoura Koum (Bondum)
villages de Sangha (Bombou)
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La falaise
villages de Pegue Toulou, Yougo Dogorou (Bombou)
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La plaine du Séno-Gondo
Le Plateau :
Le Pignari : Le plateau descend
en pente douce vers les plaines alluviales du delta intérieur du Niger.
La région est parsemée de massifs tabulaires. Après l'éclatement
de l'empire du Ghana au 11ème siècle, la région de Djenné et celle du
Pignari, accueillirent de nouveaux migrants venus du nord. Leur arrivée
coincide plus ou moins avec celle des Tellem dans la falaise.
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La fondation du village de Niongono remonte
au 12ème siècle. On y parle l'Ampari-Kora. C'est la langue des Degoga,
un ancien peuple qui a devancé l'arrivée des Dogon du clan Karambe (Statuaire
Dogon - Hélène Leloup - page 104). Ce village est une véritable forteresse
érigée sur un piton rocheux en forme de fer à cheval. Son emplacement
et sa conception défensive ont permis au village de survivre à travers
les âges aux envahisseurs Mossi, Peul et Songhay.
Les anciennes constructions en haut du
rocher sont toutes en formes cylindriques. Tassées les unes contre les
autres, elles sont en étages et n'ont pas de cours intérieure. Les greniers
sont intégrés aux habitations. Les toits sont plats et servent à maints
travaux domestiques. D'étroites ruelles se faufilent entre les maisons
et relient les places du village. Aujourd'hui l'islam est la religion
prédominante du Pignari.
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Le Lowel-Gueou : Depuis le moyen-âge
jusqu'à la colonisation française, diverses puissances étatiques se
succédèrent le long des rives du Niger. Il y eurent des périodes calmes
et troubles. Au 15ème siècle des batailles incessantes opposèrent les
conquérants Songhay aux populations des bords du fleuve. Les habitants
des régions du Lowel-Gueou, du N'Duléri et du Bondum accueillirent de
nouveaux arrivants qui vinrent chercher refuge dans les contreforts
du plateau.
Les habitants du village de Kargue
sont de descendance Djennenke (" ceux de Djenné " en langue Songhay).
Ce terme englobe divers peuples de la boucle du Niger vivant dans le
giron de Djenné. Ils sont musulmans et parlent le Janna-Ma, un dialecte
Bozo. Ils sont ethniquement liés aux Saman du Waduba (Kani Gogouna -
plateau central). Le village s'étale au pied de la mosquée. Depuis son
toit le visiteur a une vision parfaite de toute la région alentour.
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Bien que les habitants de Bounou
se disent Dogon, leurs origines sont obscures. Ils ne sont pas liés
historiquement aux Dogon de la falaise de Bandiagara. Leur installation
dans la région est antérieure à celle de leurs voisins Djennenke. Ils
parlent le Bangi-Me. Les linguistes considèrent qu'il s'agisse d'un
" isolat ", c'est-à-dire, une langue sans filiation avec d'autres langues
vivantes. Le village de Bounou domine depuis son rocher des champs de
mil et des jardins maraîchers qui s'étendent jusqu'au fond de la vallée.
Le style architectural de Bounou ne ressemble en rien à celui de Kargue
et Danisare. Les maisons sont très grandes. Elles sont à étages et ressemblent
à des cubes énormes aux contours arrondis. La disponibilité du bois
de rônier explique probablement la taille de ces constructions. Les
toits servent à divers travaux domestiques.
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Les habitants de Bara sont liés
à ceux de Bounou. Il semble que ce terme signifie " jamais nous ne partirons
d'ici ". Une paroi rocheuse, parsemée d'anciens greniers, surplombe
le village. A leur arrivée dans la région, ces vieilles constructions
s'y trouvaient déjà. Nul ne semble savoir qui en étaient les propriétaires.
En l'absence de recherches archéologiques on ne peut en déterminer l'âge.
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